la passeuse de memoire6
Marie France Astégiani Merrain a découvert tardivement que l’aïeule de son grand-père avait été esclave dans une plantation en Martinique. L’iniquité d’une telle situation a été un véritable électrochoc. Elle a été confrontée d’un coup à une réalité d’une extrême violence ; celle de l’exploitation de l’homme par l’homme. Une révolte intérieure, profonde, indescriptible, s’est mise alors à gronder en elle. Elle a compris jusqu’où pouvait conduire le racisme et elle a su que jamais plus elle n’accepterait d’être salie.

Pourquoi l’esclavage avait-il été un sujet tabou dans sa propre famille, pourquoi était-il encore tabou dans la société ? Pourquoi tant de non-dits ?

Son histoire personnelle l’a conduit à se remémorer également une histoire commune, stigmate indélébile d’une humanité qui se défigure elle-même, une humanité dépecée de ses couleurs, une histoire qui la confronte à l’iniquité, la violence, l’asservissement, l’exploitation de l’homme par l’homme… à la sujétion des vies humaines…et au racisme.

Mais ce parcours difficile est aussi une belle, une formidable leçon de vie. Ce voyage au bout de sa nuit a conduit Marie France à renaître en mettant autant d’énergie à aimer l’humanité que celle-ci en avait mis à la faire souffrir. L’Amour est la force dont elle a voulu se servir pour faire bouger le monde : ainsi, elle a intégré l’ADEN (l’Association des Descendants d’Esclaves Noirs et de leurs amis) qu’elle voyait comme un groupe de pression citoyen sur les partis et qui lui a donné les moyens de participer à l’élaboration de la loi Taubira afin de faire reconnaître l’esclavage comme un crime contre l’humanité. Puis elle a souhaité témoigner dans les écoles, transmettre ce devoir de mémoire.

Ode à la dignité humaine, son livre met en exergue la résilience, la capacité de tout homme à dépasser sa propre souffrance, à transformer le mal en un bien supérieur. Marie France se reconstruit dans l’altruisme par le biais de la transmission dans les écoles. Elle aurait pu haïr. Elle a choisi d’aimer.

A travers son témoignage, Marie France Astégiani Merrain souhaite participer à la lutte contre le racisme par des échanges humains et fraternels. Elle est convaincue que l’éducation est un levier pour éveiller les consciences, les conflits n’étant générés que par l’ignorance et les préjugés, et demeure persuadée que, pour construire un monde délivré de la haine, du fanatisme et de l’obscurantisme, il faut mettre en œuvre des moyens moraux et intellectuels. Selon elle, la connaissance favorise la compréhension, ouvre la voie à la solidarité morale et intellectuelle de l’humanité, seule assurance d'une paix durable et authentique.

Florence Ferrari

Attachée de presse.